Petit aperçu sur l’Historique du Médoc

L’apparition de l’être humain en Aquitaine remonte environ à ½ million d’années, l’Europe traversant une période glaciaire : Le Mindel .

On suppose que les premiers habitants vinrent du Centre de l’Europe Centrale repoussés par le froid. Les vallées fluviales constituent des voies de pénétration et proposent des abris naturels.

Nos ancêtres viendraient de ces régions, plus tard 300 ans AVJC , les Celtes sont passés en Médoc , on les retrouve en Espagne, au Pays de Galles, en Écosse, en Irlande et dans le nord de l’Europe .

‘homme vivant de chasse de pêche et de cueillette, il commençait à tailler le silex.

Le nom Médoc viendrait selon certaines sources d’une déformation du latin Male ( mauvais) et de la racine Oc (langue d’oc) .

L’Abbé Baurein écrira pour sa part : Médullium qui serait le locatif Médulum , désignant en latin le lieu où se seraient assemblés les Médulleux , nos ancêtres supposés.

Sous la domination romaine, le nom porté par notre région fut : Médilicus Pageau , Médilicus étant une contraction de Médius (milieu) et de Licus (liquide), désignant un pays entouré d’eau.

Les Bituriges Méduli commercèrent avec les phéniciens puis les grecs , venant échanger de l’huile et d’autres produits contre du minerai de fer assez pauvre, tiré de l’alios.

Cordouan est encore rattaché au continent , l’estuaire de la Gironde est très large et parsemé d’îles ; Lesparre, Jau , Queyrac et Soulac Plus tard ces îles , ainsi que Talais et Le Verdon cesseront d’être insulaires , sous l’apport des courants, la physionomie du Nord-Médoc sera bouleversée.

Le port de Noviomagus serait pour certains situé à la hauteur de La Négade sur l’océan, d’autres le placeront plus vers le sud à la hauteur de Saint Germain d’Esteuil, l’antique Méteuil-Médulium ( le bourg du milieu) . Je serais plutôt partisan de cette version, compte-tenu du fait que le port devait être abrité , car les bateaux marchands avaient besoin d’un abri sur, les échanges étaient de longue durée, car la manutention était assurée par l’homme , sans grues ou autres engins de manutention, que nous connaissons de nos jours.

Il y avait à l’époque de la présence romaine deux voies principales en Médoc, l’une conduisant de Noviomag à Laperdum (Bayonne) et qui suivait la côte océane , la Via Médiculla , chemin suivi plus tard à partir du 11° siècle par certains pèlerins se rendant à Saint Jacques de Compostelle. L’autre La Le Bade (la levée) , de Noviomag vers Burdigalien (déformation de l’euskadien Burdikal) , au delà de Lespinasse , vers Soulac.

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On retrouve une trace de la prolongation appelée Camin Castillo nés , que nous connaissons, passant par Lilhan, Saint Vivien, Vendays, Queyrac, Saint laurent de Médoc, Moulis, Parempuyre et arrivant à la Porte du Médoc, que l’on peut situer à l’entrée de la rue Saint Catherine .

On trouvait des huîtres à l’embouchure déjà à cette époque, Théon grand ami d’Ausone , lui en adressait depuis sa villa située près de Verdon , ainsi que des aloses et des thons.

Au V ° siècle APJC , un cataclysme d’une rare violence se produisit dans notre région, l’îlot de Cordouan ne fut plus relié au continent , la forêt de Lesparre disparue, ensevelie.

Le Médoc et l’Aquitaine étaient tournées vers le bassin de la Méditerranée et les Ibéres peuplèrent à leur tour notre région.

On note une différence de mode de vie, due à la présence romaine, développement de l’agriculture, implantation de la vigne, également un commerce florissant tourné vers le bassin méditerranéen , dans les campagnes on cultivait le mil, base de la nourriture des habitants.

Vers l’année 720 , débutèrent les invasions arabes arrêtées à Poitiers par Charles Martel en 732.

Vers 840 les Normands puis les Vikings avec leurs drakkars , firent des incursions dans notre pays , remontant jusqu’à Toulouse en suivant le cours de la Garonne. Ces bateaux assez légers pouvaient être portés par les hommes afin de passer les seuils , leur forme , semblent avoir servi de modèle aux pinasses du Bassin d’Arcachon.

À nouveau vers 860-864 , une nouvelle vague d’envahisseurs nordiques ravagea nos côtes , pénétrant à l’intérieur du pays, s’ajoutant à la conquête Carolingienne, elles-mêmes un terme à l’Aquitaine antique. C’est une Europe nouvelle qui sera à édifier sur les ruines de l’Empire Carolingien.

Au x° siècle, commencent en Europe, les pèlerinages vers Saint Jacques de Compostelle .

Les pèlerins empruntent la Via Turengesis, venant de Tours, plus à l’est et venant de Bourgogne les routes passent par Périgueux, La Réole, Bazas ainsi que par la route littorale débouchant à Saintes, la Santonum des Romains et débouchant sur Talmont : église fortifiée appartenant à l’Ordre des Templiers. D’où les pèlerins embarquaient vers Talais , ensuite allaient faire leurs dévotions à Soulac, puis se dirigeaient vers Saint Vivien de Médoc à la sortie on trouve un lieu appelé Le Temple, lieu d‘ accueil des coquillards nom donné aux pèlerins , puis vers l’Hôpital de Grayan, continuant leur route en suivant les dunes bordant l’océan.

Il faut noter également un autre franchissement de la Gironde à la hauteur de Blaye, pour certains qui avaient emprunté la Via Turengesis .

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Il est à noter que le pays vivait en autarcie, ne commerçant plus vers le sud et pas encore vers l’Angleterre et les États Hanséatiques, les aquitains sont repliés sur eux-mêmes.

De même les Saintongeais sont tournés vers Poitiers , Saintes , vers le nord et le centre.

La langue pratiquée dans ces deux régions était différente, langue d’Oc pour le Médoc et langue d’Oïl pour les Saintongeais.

En 1622 Louis de Nogaret duc d’Epernon, devient Gouverneur de l’Aquitaine, il fit entreprendre de grands travaux afin d’assainir les marais, nombreux et générateurs de fièvres et de maladies.

En signant un accord avec les flamands en 1628, il prévoyait des travaux autour de Lesparre, puis en 1633 une deuxième tranche vers le nord-médoc.

Notre région était surtout composée de marais, le 6 janvier 1646, une Communauté des Marais de Lesparre est installée, prévoyant l’assèchement de 5.333 hectares. Sur une carte dressée en 1650 par Clerville, sont mentionnés les chenaux de saint Julien, Saint Mambert, Goulée, Richard et Saint Vivien ainsi que ceux de Talais et de Soulac.

Ces chenaux permettant d’assainir nos campagnes, diminuant les fièvres et augmentant les surfaces cultivables.

De nouvelles terres sont ainsi cultivées, ou bien aménagées en prairies, le Médoc y laissera son caractère maritime mais y gagnera en salubrité.

En 1681 , est achevé le Canal des Deux Mers, la canal du Midi , construit par Paul Riquet, sous l’impulsion de Colbert, ce canal favorisera les échanges nord-sud vers le Bassin de la Méditerranée, évitant aux navires marchands le passage par Gibraltar et les pirates barbaresques.

En 1584 Louis de Foix avait entrepris la construction du Phare de Cordouan, sous le règne de Henri IV ,ancienne tour à feu entretenue par des moines et servant de repère aux navires fréquentant le port de Bordeaux et l’estuaire la pierre et le marbre venaient des Pyrénées les travaux s’achevèrent en 1611.

Le nom viendrait de Cordoue ville arabe à l’époque et qui commerçait avec le Médoc, Déjà sous l’occupation anglaise le roi Henry IV d’Angleterre avait signé une charte le 8 août 1409, donnant le droit de construire une tour à feu et une chapelle.

Dés le XV ° siècle exista une rivalité entre les ports de Bordeaux et de La Rochelle, pour le commerce des vins, des grains vers l’Angleterre et les États Hanséatiques, plus tard également au moment des voyages triangulaires: la traite des noirs .

À la fin du XX° siècle l’ensablement du port de La Rochelle ralentit son activité et favorisera Bordeaux.

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La construction du Pont de Pierre à Bordeaux réalisé de 1801 à 1822 , deviendra le premier franchissement de la Garonne en continu , long de 501 mètres et réalisé sur l’ordre de Napoléon, permettait d’approvisionner ses troupes durant la guerre d’Espagne, artillerie et intendance.

Projection sur l’Avenir

On peut noter que les grands mouvements de migration Nord-Sud et Sud-Nord s’effectuaient sans être perturbés par le franchissement du fleuve , le commerce sur celui-ci s’effectuant en chargeant les gabarres , soit à Bordeaux , soit à Pauillac avec également des voyages vers la Charente . Les navires marchands se délestaient d’une partie de leur cargaison à Pauillac, afin de remonter jusqu’à Bordeaux à cause de leur tirant d’eau, les gabarres amenant le fret vers Pauillac pour le départ vers les Antilles, l’Afrique, l’Amérique ou l’Europe du Nord , principales destinations commerciales.

Bordeaux port d’estuaire, s’essoufflait vers la fin du XIX ° siècle, les grands voiliers puis les premiers bateaux à vapeur, ne pouvant remonter à pleine charge étaient toujours obligés de s’alléger à Pauillac. La fin de la guerre de 14-18 verra la construction de hangars et d quais verticaux, les commerçants montrent une assez mauvaise volonté pour moderniser les installations portuaires.

La voie ferrée Bordeaux-Le Verdon est mise en service en 1875, sous l’égide des frères Péreire banquiers d’origine portugaise, qui s’impliqueront également dans la construction de la Ville d’Hiver à, Arcachon entre autres réalisations.

En 1930 est décidé la construction du môle d’escale du Verdon, permettant l’accostage des paquebots des lignes d’Amérique du Sud ou du Nord, permettant à de très nombreux émigrants venus d’Italie principalement de découvrir leurs nouveaux pays. Ce grand chantier va amener l’électrification du Nord-Médoc, la modernisation arrive très doucement .

En 1944, les occupants allemands minent le môle d’escale , détruisant ainsi la possibilité pour le port de Bordeaux d’avoir un avant-port permettant un trafic maritime important . Cela ne va pas favoriser le désenclavement du Nord-Médoc, il y a une quinzaine d’années, circulait l’idée de construire un pont à l’embouchure de l’estuaire, ce qui déclencha une polémique entre la Gironde et la Charente-Maritime, avec des intérêts et des approches commerciales différentes et aussi pourquoi le nier , peu de volontés d’échanges entre les deux rives .

On retrouve cette rivalité entre les deux ports , Bordeaux régresse en trafic, alors que la Rochelle diversifiant ses trafics alimente un arrière-pays plus actif.

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La route Bordeaux-le Verdon ne favorise pas les échanges routiers, la voie ferrée , voie unique sur une grande partie du trajet n’est pas une artère commerciale fiable.

Pourquoi ne pas envisager une autre solution aidant au désenclavement , compte-tenu du fait que les deux départements tergiversent , ne sont pas décidés à s’entendre et investir dans un projet commun.

En se penchant sur une carte routière, on peut remarquer qu’à la hauteur de Pauillac il serait possible en s’appuyant sur l’île de Patiras , comme support central de deux tabliers reliant les deux rives , situées en Gironde, de mettre en place un franchissement continu du fleuve. D’un côté on est à une dizaine de Km de la route 1215 Bx-Le Verdon , sur l’autre rive on pourrait déboucher très prés de l’ autoroute A 10. Les techniques de construction permettant d’envisager une partie mobile sur le chenal de navigation permettant aux paquebots de remonter jusqu’à Bordeaux .

Mais pour cela il faut une vraie volonté politique de désenclavement ,

[dans le sens latin -(la vie de la cité)] .

Mais ceci est une autre histoire.

Jean-Clément Roucayrol

le 18 janvier 2011

 

 

 

 

 

 

 

 

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